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Verna - Lépineux, à la recherche de la salle perdue

La Verna, Massif de la Pierre-Saint-Martin

Aller-retour dans le massif de la Pierre-Saint-Martin en cette journée ensoleillée du 27 janvier 2021, pour un aller-retour au sein de la Verna. Ce réseau XXL est connu pour avoir abrité une des plus belle et tragique page d’histoire de la spéléologie au début des années 1950, et avoir détenu à maintes reprises le record mondial de profondeur pour une cavité, et de volume pour une seule salle souterraine.


Galerie du Métro, La Verna, Pierre-Saint-Martin
Galerie du Métro, La Verna, Pierre-Saint-Martin

Après avoir récupéré les clés au bar du coin et s’être garés sur la piste en bas de l'entrée de la Verna, nous montons une vingtaine de minutes à pied sur la route goudronnée jusqu’à arriver à l’entrée du tunnel à côté de la cabane Dominique Prébende où nous déposons nos vestes et affaires personnels. Nous entrons par le tunnel EDF creusé dans la roche et arrivons 700 mètres plus loin, rive droite, dans la majestueuse salle de la Verna, trop grande pour nos faisceaux lumineux. L’importante crue et l’humidité occasionnée n’aident pas non plus à bien voir dans cette salle large de 245 mètres et haute de 194 mètres, découverte en 1953 par les spéléologues du Clan de la Verna, des scouts lyonnais alors hautement investis dans les explorations. En pénétrant la première fois dans cette gigantesque salle, ne voyant ni plafond, ni parois, les premiers explorateurs sautèrent de joie en pensant être à l'éxtérieur et ainsi avoir trouvé une nouvelle entrée au réseau ; mais lorsqu'ils regardèrent leurs montres, celles-ci indiquaient 18h, en plein mois d'août ils devraient encore faire jour - ils comprirent alors qu'ils étaient toujours sous terre... En l'occurrence dans la plus grande salle souterraine jamais découverte à ce jour. Avec un record du monde de profondeur en bonus (-689 mètres).


Il est 10h30 quand nous partons par la gauche sur les passerelles métalliques , décorées de quelques mannequins de spéléologues, avant d’être contraint une première fois de passer par un shunt, la crue nous empêchant de traverser la rivière. Nous passons alors, toujours sur la rive droite, par une vire en tyrolienne sur corde doublée en fixe. La progression dans la salle Chevalier se fait sur la rive droite en dévers, avec quelques escalades de blocs. 

Une fois arrivés dans la salle Adélie, nous traversons la rivière pour la rive gauche et prenons le shunt de la galerie Hélène en montant plus haut sur cette même rive où une main courante en fixe nous amène à la base d’un puits d’une dizaine de mètre avec un frac, qui peut se faire en escalade avec poignée chaussée, puis passage entre de gros blocs jusqu’à arriver à un puits descendant d’une dizaine de mètre aussi. Nous traversons ensuite la salle Quéffelec, toujours rive gauche, qui se rapproche davantage d’un pierrier que les salles précédentes. 

Enfin arrive la pause déjeuner, il est 13h. On notera certains effet secondaires relatifs au port de poncho tel que les trois seuls à en avoir porté un (Marion, Meggy et Julien) ont subi une hypnose de catégorie 4 pendant laquelle Tot leur a fait un monologue d’environ 10 minutes (plus communément appelé un « tunnel »). Toutefois aucun lien de causalité significatif n’a encore pu être établi. 


Une fois de plus nous devons utiliser un itinéraire alternatif et repartons sur la rive droite sans avoir à traverser directement l’actif qui passe sous une énorme barrière de blocs de pierres derrière laquelle réapparaît la rivière. Le passage suivant est délicat et s’effectue sur la rive droite, très fortement inclinée, tout en descendant vers la rivière que nous traversons à nouveau pour la rive gauche. Nous entrons dans la galerie du Métro, longue de 700 mètres et large de 20 à 40 mètres, où la voûte en ogive s’abaisse. Cette dernière se relève dans la salle Loubens, coupée en deux par une grande arche où nous longerons de près la rivière. 

Puis arrive la salle E. Casteret où la voûte s’abaisse à nouveau et où le pierrier est encore plus marqué, certainement dû à la disparition de la rivière sous nos pieds. Enfin, nous arrivons au passage Gibraltar au bout de la salle E. Casteret, après être remontés entre les pierres et avoir escaladé quelques blocs à l’aide d’une corde et d’une échelle en fixe. Le passage Gibraltar traverse l’éboulis et est relativement “étroit” comparé aux immensités traversées jusque-là. 

Il est près de 15h lorsque nous arrivons alors dans la salle Lépineux. Nous remontons l’énorme éboulis jusqu'à la base du célèbre puits Lépineux et de ses 320 mètres de verticale. Sur notre chemin se trouvent encore la civière rouillée et la sépulture de Marcel Loubens quelques mètres plus bas sur laquelle est gravée « Ici, Marcel Loubens a vécu les derniers jours de sa vie courageuse » par son équipier Beppo Occhialini. 


Nous faisons demi-tour, après s’être posés un instant au sommet du pierrier et la base du gouffre Lépineux, en direction la paroi gauche de la salle Casteret pour la fameuse chasse au trésor avec la salle perdue et son monolithe de cristal géant ! Cette supposée salle cachée fut découverte en 1952 par Marcel Loubens et Jacques Labeyrie mais n’a jamais été cartographiée ni même retrouvée officiellement. Le premier a succombé le lendemain à ses blessures au pied du puits Lepineux, tandis que le second a décrit sa découverte et le passage y menant dans son livre sur les explorations de la Pierre-Saint-Martin : il aurait trouvé, après une longue journée d'exploration en compagnie de Marcel Loubens, un passage étroit menant à une immense salle au sol complètement plat sur lequel reposant un monolithe de calcite de la taille d'un ballon de rugby ("Les découvreurs de la Pierre-Saint-Martin" de Jacques Labeyrie, Cairn, 2005).

Aidés de photocopies et schémas du livre de Labeyrie décrivant le passage à trouver, nous passons deux heures à chercher dans tous les recoins de la salle Casteret. Une étroiture cachée derrière un bloc de pierre, un méandre suivi d'un boyau à moitié noyé, une galerie suspendue vers une belle cascade de 12 mètres : les dix spéléologues que nous sommes explorons les moindres recoins de la salle pendant 2 heures. En vain... Certains disent que Loubens et Labeyrie ont été victimes d'hallucinations, d'autres que le passage vers la salle a été délibérément caché voir condamné pour préserver cette dernière. Le mystère reste entier. (Mais si vous avez des infos nous sommes preneurs !)


Il est 17h quand nous renonçons et reprenons notre marche retour. Nous arrivons finalement à 19h45 dans le tunnel avant les arrêts cardiaques causés par Romain, Clément et Julien, visiblement capables de retenir leur respiration plusieurs minutes pour faire ni bruit, ni fumée et effrayer leurs victimes. « Ici, Camille, Julo et Bastien ont vécu les derniers jours de leurs vies courageuses ».



Topographie du réseau de la Pierre-Saint-Martin
Topographie du réseau de la Pierre-Saint-Martin

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